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Encadrer des groupes d’enfants au sein d’ateliers de théâtre demande de tenir compte de deux principaux enjeux :
Il faut construire l’acteur
Il faut construire la troupe
Une fois ces deux objectifs atteints, la mise en scène d’un spectacle est un jeu d’enfant.
des exercices de théâtre pour construire l’acteur :
Dans un cours de théâtre pour jeune, construire l’actrice ou l’acteur, ce n’est pas seulement atteindre l’excellence de la diction, de l’expression des émotions ou de l’interprétation d’un personnage. Ce sont là des facettes du métier d’acteur qui viennent plus tard, et qui sont l’apanage d’écoles de théâtre spécialisées.
Au cœur d’un atelier de théâtre,
construire l’actrice ou l’acteur, c’est parvenir, à travers les nombreux exercices de théâtre et jeux d’improvisation, à déconstruire les réflexes premiers de l’enfant en jeu et lui permettre d’accéder à de nouveaux réflexes de jeu et d’imaginaire.
Par exemple, il va falloir que l’enfant comprenne rapidement qu’une chaise peut parler, qu’on peut être une courgette, qu’on peut se disputer car l’autre n’a pas nourrit la licorne.
L’enfant doit vite intégrer le fait qu’on a le droit de mentir, et que c’est même une obligation sur scène. Car au théâtre, tout le monde ment, dans la mesure où il est en représentation.
Construire l’acteur, c’est réintégrer l’idée de jeu au bénéfice d’une histoire.
Un exercice de théâtre a pour objectif de pousser à l’invention et au ludique, par le biais de contraintes qui sont autant de nouvelles règles de jeu.
Raconter un cauchemar, par exemple, doit être accompagné de contraintes qui doivent être tournées comme des défis à relever : on commence son histoire par « hier j’ai fait un cauchemar », on la termine par « et c’est là que je me suis réveillé ». On peut demander aux enfants d’y intégrer un poisson, un couteau, un restaurant, un nuage… tout ce que l’on veut qui puisse venir contraindre son imaginaire à respecter des bornes lors de l’élaboration de son invention imaginaire.
On peut lui demander d’avoir été un objet dans son cauchemar :
et donc venir expliquer, à la première personne, la pire chose qu’il puisse arriver à un verre, une pomme, une roue de vélo, comme s’il l’avait lui-même vécu.
Chaque exercice de théâtre respecte cette règle : amener l’enfant à un travail physique, imaginaire ou émotionnel incongrue, tout en respectant des bornes qui le force à canaliser ce travail physique, imaginaire ou émotionnel.
« Raconter une histoire », ce n’est pas suffisant. Il lui faudra des bornes pour canaliser et vivre l’effort de jeu.
J’aime l’image qui veut que chaque exercice de théâtre pousse le participant à construire de nouveaux raccourcis neuronaux.
De nouveaux chemins dans son cerveau, qu’il n’avait pas encore défrichés.
D’expérience, au début, certains enfants trouvent bizarre de faire parler un objet, ou de faire une déclaration d’amour à un arbre. Mon objectif est qu’ils ne trouvent plus cela bizarre, mais amusant, et qu’ils relèvent le défi.
Un cours de théâtre n’est ni un cours d’articulation, ni un séminaire de confiance en soi. C’est un cours de jeu. Mais un jeu constructif et positif qui peut amener ensuite l’enfant à être une partie d’un spectacle plus grand que lui, car il aura éprouvé l’idée des règles de la scène, des bornes de l’histoire, le respect de l’autre…
Et on en vient à…
Des exercices de théâtre pour construire la troupe :
Car il est essentiel de comprendre qu’un atelier de théâtre, c’est avant tout un atelier de groupe, ou l’autre nous écoute et nous regarde, et où nous écoutons et regardons l’autre. Et là le respect, la bienveillance et l’empathie deviennent indispensables.
Les exercices de théâtre physique sont essentiels.
Il ne s’agit pas de sport, il n’y a ni dépassement de soi dans la performance, ni compétition, mais il y a la nécessité de tenir compte du corps de l’autre, dans son volume, dans sa fragilité, dans le respect de son intégrité… dans le fait qu’il est le même que nous. Et qu’on doit être avec l’autre comme on mérite qu’il soit avec nous.
Et ce qui est magique, c’est que l’effort qu’on fournit pour les autres, les autres le fournissent pour nous. Cette conscience reste et l’exercice de théâtre devient même bénéfique pour le retour à la vie réelle.
La marche simple
permet de se déplacer avec le groupe, chacun dans son rythme propre, et de tâcher de toujours avoir conscience de ceux que l’on croise, de ceux que l’on suit, des distances entre notre corps et ceux de nos partenaires. On apprend à ne plus se rentrer dedans, à anticiper les mouvements des autres pour toujours garder une même distance qui permette d’être dans un mouvement global harmonieux : à tenir compte de l’autre, l’image du groupe en mouvement devient harmonieuse, comme l’image d’une foule en marche correctement chorégraphiée.
Le jeu du miroir
a le même impact bénéfique. C’est un exercice de théâtre simple qui consiste à imiter l’autre comme si on était son reflet. Mais au-delà du jeu simple où il est amusant de forcer l’autre à remuer les fesses ou à faire des grimaces, c’est un exercice de théâtre qui enseigne la retenue, la synchronisation des mouvements, qui amène à chercher à guider l’autre, à ne pas le perdre en allant trop vite. Bref, à être à l’écoute de son partenaire pour que le jeu soit réussi.
Et comme toute chose que l’on répète, que l’on entraîne, elle devient plus simple et se transforme rapidement en réflexe.
Un exercice de théâtre apporte des bénéfices pour la vie courante autant que pour les besoins du spectacle.
En jouant avec les autres selon ces nouvelles règles, les jeunes participants acquièrent des réflexes de jeu avec les autres qui viennent construire l’esprit de leur troupe. Et partager le secret de leurs histoires leur offre une grande complicité. A partir de là, la troupe existe, car l’individu s’est légèrement effacé au profit du groupe et des besoins du spectacle.
Crédit photo et illustration : Freepic