la politesse n’est pas notre amie

Les enfants ont appris à respecter le principe du tour de parole, c’est à chacun son tour de parler. Et comme c’est une chose bien, ils la respectent, même si ça ne les aide pas du tout.

Car,

…en impro, lorsqu’on cherche à dialoguer avec l’autre, à nourrir l’atmosphère de mots nouveaux, de phrases ayant un sens, et qui doivent sortir de notre tête…

…si notre partenaire nous donne la parole, il nous piège : il nous met dans l’obligation de répondre, de parler, de trouver la réponse et la suite.

et plus le silence s’installe, moins le mot peut sortir, plus l’énergie retombe, et c’est un cercle vicieux qui s’installe. l’impro perd de sa pèche, et tout semble mauvais.

En plus, l’enfant qui n’aura pas trouver le mot se sentira coupable.

Il faut casser cela. Il ne faut plus DONNER la parole. Il faut la PRENDRE.

Celui qui a la parole ne doit pas décider de s’arrêter de parler, c’est à l’autre de venir “l’interrompre”, de venir prendre la parole.

On s’écoute à peine, on s’entend, c’est tout. et de cette manière l’énergie reste en haut. et on ne cherche pas le mot parfait, juste à garder sa place, à défendre son bout de gras.

C’est mieux pour commencer.

Il faut laisser le temps aux enfants de se construire l’assurance nécessaire pour gérer le silence dans le jeu.

Le temps de lire des livres, de voir des films, d’écouter des chansons, pour étoffer leur arsenal de mots, de phrase et d’images à proposer sur scène.

Et avant que ce temps là n’arrive, ne pas les dévaloriser, ne pas leur faire peur,  ne pas leur dire “à toi de parler on t’attend tous”.

Coupler cette idée avec des exercices de logorrhée, pour qu’ils s’entraînent à parler pour ne rien dire, à  noyer le poisson.

à se blinder sur scène.

Guillaume

Auteur, metteur en scène, et animateur d'atelier de théâtre