Méthodologie d’atelier

Quand on l’a fait devant deux cent personnes, ça laisse une trace !

Quand on a généré une réaction chez un public, ça laisse une trace !

La théorisation de l’atelier théâtre est encore jeune.

Chaque animateur, chaque encadrant possède sa manière d’organiser et gérer son atelier.

Ce qui fait que ce sont les résultats obtenus qui vont légitimer une pratique. Un encadrant va valider sa méthode par les progrès de ses élèves, le succès de ses spectacles et la fidélité de ses adhérents à son activité.

Ce que je propose donc ici, c’est la méthode que j’ai moi-même construite au fil du temps et de mes expériences.

Les objectifs de l’atelier théâtre peuvent également varier, même si au bout du compte il y en a un de commun à tous les encadrants : préparer un participant à devenir acteur.

L’apprentissage ludique de la discipline, des rituels de la scène ; la construction de réflexes imaginaires dans un cadre de contraintes spectaculaires (donc l’épanouissement de l’humour, du second degré, de la prise de recul avec les choses de la vie) … Tout cela vient nourrir l’assurance du participant et entretenir sa confiance en lui.

L’enfant sait jouer, il ne fait même que ça. Il s’agit donc de l’aider à s’autoriser à jouer.

Tout est là pour l’enfant, il est capable de jouer, il continue à le faire, ou il vient juste de cesser.

Simplement il y a des murs, des masques, des précautions, des paires de gants, que l’enfant va enfiler pour se protéger du monde, du regard de l’autre, etc

L’enfant peut être méfiant. Il faut endormir cette méfiance pour construire autre chose à la place : l’assurance d’avoir le droit de jouer.

Il faut donc l’empêcher de construire les murs

dans le groupe qui se construit, et l’aider à abattre les murs existants (ce qui est le plus compliqué et vaut thérapie, autant dire que si ça marche, c’est un sacré coup de bol, car ça prend beaucoup de temps et l’animateur n’est pas un thérapeute !)

Pour le participant : réfléchir à pourquoi on est là, et à quel point on est en danger… Voilà ce qui fait pousser les murs.

Il doit être dans le faire !

Il doit être dans l’action, pas dans l’ennui, pas dans le vide.

Son imaginaire, son regard ou son corps doivent être sans cesse mobilisés. En tant que spectateur, en tant qu’acteur, en tant que spectateur se préparant à être acteur.

Ne pas lui donner le temps de réfléchir à lui-même : enchaîner dans l’action !

On ne peut donc pas mener une séance qu’à l’instinct : c’est risquer de perdre la main sur le rythme de la séance, qui risque d’être dure à tenir.

 

En conclusion :

 

Il nous faut un cadre : la séance doit être réfléchie, préparée et construite de manière rationnelle

Exercices lents, rapides… individuels, par deux, demi-groupe ou tous ensembles… échauffement ? Corps ? Parole ? Récréatif ? Technique ?

 

Cette séance est une aventure d’une heure ou plus que l’on a écrite pour un groupe déterminé.

 

Il faut garder la maîtrise de la séance ! Car c’est dans un cadre rassurant et bien tenu que l’on s’autorise à jouer, à être libre. L’enfant sera libre de la bonne manière dans un cadre rassurant. Il est paniquant pour l’enfant de s’entendre dire « t’es libre, fais ce que tu veux »

Dites à quelqu’un : « fais ce que tu veux », et il y a de grandes chances qu’il reste immobile et tétanisé.

Il a besoin d’un cadre et d’un objectif à atteindre.

Donc, la séance est importante, et doit être composée pour devenir un moment rythmé et « spectaculaire » pour les participants.

 

Un enchaînement d’exercices et de jeux bien cadrés, souvent rapides :

Varier pour traverser les différents aspects du jeu que l’on veut voir travailler par les acteurs.

Varier pour leur permettre de se sentir valorisés, ou moins en danger…

Varier pour augmenter leurs capacités, leur gonfler le nombre d’expériences variées de jeu et de présences sur scène.

Varier pour leur construire un imaginaire de scène, qui ne soit pas le même qu’à l’école, pas le même qu’en sport.

Varier pour laisser apparaître l’effet spectacle qui va en fait des spectateurs de leur propre séance, tout en y étant acteur.

Varier pour qu’ils n’aient autant que possible pas le temps de réfléchir et de reprendre leurs mauvaises habitudes sociales : « On me regarde, on me juge, donc je dois rester cacher »

 

Ainsi une séance peut-elle se préparer de cette manière :

1 échauffement en groupe

2 exercice par deux

3 exercice par groupes de 3 ou 4

4 exercice individuel

5 jeu en groupe de fin de séance

ne travailler qu’en individuel va allonger le temps d’inactivité du reste du groupe. Il convient donc de les faire se lever régulièrement.

Ne travailler que du groupe va noyer les caractères individuels et ne laisser la place qu’aux caractères forts, en risquant de reproduire les schéma de groupe (leader, suiveur, etc…)

Maintenir un rythme varié, même d’une séance sur l’autre, les prendra de cours : ils seront finalement toujours prêts à se lever, car à tout moment on pourrait faire appel à eux. De plus, ne sachant pas à quoi s’attendre, ils seront aussi attentifs que des spectateurs attendant le début du spectacle !